Koha : le SCD Lyon 2 répond à Bambou

Bambou poursuit ses consultations auprès des utilisateurs du logiciel libre Koha en interrogeant cette fois-ci nos collègues Camille Espiau-Bechetoille et Dominique Cottart du Service Informatique Documentaire du SCD Lyon 2. Un grand merci donc à ces deux professionnels particulièrement actifs dans l’open source documentaire (Camille Espiau-Bechetoille est membre du groupe de travail sur les SIGB libres et Dominique Cottart de l’association Kohala).

Bambou : “Pourquoi le SCD Lyon 2 a-t-il fait le choix d’un logiciel libre et de Koha en particulier ?”

SCD Lyon 2 : “Le choix de Koha s’est fait après une longue réflexion de plusieurs années sur les SIGB libres entamée avec un groupe rhône-alpin. Ce groupe de travail avait pour objet d’étudier la possibilité de travailler avec un SIGB libre dans le supérieur et de comparer les différentes solutions possibles. En effet, les systèmes propriétaires arrivaient en bout de course, les éditeurs nous proposaient leurs nouveaux outils à des prix trop élevés, et parallèlement les solutions libres nous semblaient arriver à maturité. Koha a été retenu en raison de son adossement au moteur d’indexation Zebra qui permettait de manipuler des volumes d’enregistrements tels qu’on en trouve dans les universités, et en raison du dynamisme de sa communauté. A partir de là Lyon 3, Saint Etienne, et Lyon 2, pour qui la nécessité d’une réinformatisation était plus urgente, ont décidé de mutualiser leurs efforts afin de se partager les coûts des développements nécessaires pour rendre koha opérationnel dans le cadre de l’enseignement supérieur.

Dans le même temps, après plus de 15 ans de travail avec un système propriétaire (Loris d’Ever), le SCD avait acquis de l’expérience dans la maintenance de tels outils. Il y a eu aussi une volonté politique très affirmée d’utiliser un logiciel que l’on pourrait s’approprier pleinement et dont on aurait une maîtrise complète.”

Bambou : “Comment s’est passée l’intégration (en termes technique, organisationnel…) ?”

SCD Lyon 2 : “Le travail s’est donc fait en commun avec Lyon 3 et Saint-Etienne. Nous nous sommes partagés les modules à travailler (tests et rédaction des CCTP) : Lyon 3 pour la circulation; Saint-Etienne pour les périodiques et les acquisitions; et Lyon 2 pour l’OPAC et le catalogage. Chacun de nous a écrit et lancé (après relecture et correction commune) un appel d’offre concernant ses modules, étant stipulé dans le cahier des charge que les développements effectués devraient être à la disposition de la communauté. Cette étape du travail a été très importante et très fructueuse. Elle a créé une synergie entre nos trois établissements, et nous permet aujourd’hui de s’entraider sur les difficultés que nous pouvons rencontrer avec Koha.

En ce qui concerne notre méthode de rédaction des cahiers des charges, nous avons constitué des groupe de travail avec les collègues catalogueurs et les collègues qui sont au prêt. Lors de séances d’une demi journée, ils testaient les fonctionnalités de Koha sur une maquette et proposaient des améliorations, des modifications ou relevaient des bugs.

Ensuite, du coté de Lyon 2, nous avons essayé de jouer la carte du libre à part entière, a savoir que nous n’avons demandé que des développements (maintenant assurés par la société Progilone), et avons décidé d’assurer nous-même le déploiement, le paramétrage, l’installation et la configuration des serveurs, la formation des collègues et enfin la migration des données. Le choix a aussi été fait de passer entièrement sous koha, pour tous les modules et de ne pas continuer à faire une partie du travail sous l’ancien système.”

Bambou : “Quelles sont vos premières impressions sur le fonctionnement du logiciel ?” Avez-vous des retours de vos utilisateurs ?”

SCD Lyon 2 : “La première réponse est complètement positive. On a démarré entièrement sons koha à date prévue (1er janvier 2011) et il n’y a pas eu du drame !! Les collègues qui sont au service public ont même pris l’outil très rapidement en main.

En revanche, dès qu’on essaie de faire des choses plus pointues, cela devient parfois délicat. Par exemple, le module périodiques est très rigide, et on attend avec impatience les développements de Saint-Etienne. Le module acquisition, aussi nous a obligés à modifier notre façon de travailler…mais c’est le lot de toute réinformatisation.”

Bambou : “Quelles évolutions (fonctionnelles ou techniques) attendez-vous de Koha ?”

SCD Lyon 2 : “La maintenance du moteur d’indexation Zebra est quand même un peu ésotérique et la création d’index est réservée aux initiés. De plus, le fait qu’il n’indexe pas en direct est un handicap…

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, une interface graphique du chargeur SUDOC serait la bienvenue. Un travail sur les statistiques également…sans pour autant faire de Koha une usine à gaz….

Nous portons aussi beaucoup d’attention aux développements des services aux lecteurs via l’OPAC, et il y a encore beaucoup de travail à ce niveau là : les flux RSS ne semblent pas assez performants pour assurer aux lecteurs une véritable veille sur les nouveautés qu’ils désirent, la mise en place des pénalités par jour n’est pas encore finalisée…

Et, comme nous le disions plus haut, le module des périodiques (et même la structure de la base de données : on ne peut créer d’état de collections sans fiche d’abonnement, ce qui pose problème pour les périodiques morts ou électroniques) mérite un gros travail…”

Bambou : “Envisagez-vous de participer au développement fonctionnel du logiciel, de vous positionner comme un acteur-contributeur au sein de la communauté Koha ?”

SCD Lyon 2 : “Comme beaucoup (voir tous) d’entre nous, nous avons peu de moyens. Ceci étant, nous nous efforçons de contribuer au “mouvement” Koha à la hauteur de ces modestes moyens : organisation d’un symposium* en 2011 dans les locaux de Lyon 2, participation aux listes de discussion lorsque nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice, relais de certaines informations Koha sur le site web sigb libres… En ce qui concerne la partie informatique, nous ne contribuons pas directement au développement du programme, mais nous avons demandé à notre prestataire Progilone d’assurer cette partie afin que les développements effectués soient un jour intégrés dans la version communautaire.

Enfin, nous comptons nous impliquer dans l’association kohala et dans la promotion de koha en recevant les collègues intéressés, et en mettant notre jeune expérience à leur entière disposition”

* Symposium Koha : 26 et 27 mai 2011, Université Lumière Lyon 2 (billet spécifique à venir sur Bambou)

Une Réponse

  1. […] améliorations apportées par d’autres bibliothèques, notamment celles des universités de Lyon et […]

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